Saturday, 28 September 2013

7 - POTOSI, TARIJA y TUPIZA

Potosi

"Sin minero no hay potosi", tag anonyme sur quelques murs de la ville
Potosi n'existe que parce que de l'argent a été trouvé par hasard dans une montagne par un berger qui avait perdu une de ses chèvres. L'empire espagnol ayant eu vent de cette découverte a investi massivement dans l'importation d'esclaves afin d'extraire le précieux métal, et Potosi est née. Encore aujourd'hui, au travers de quelques dizaines de coopératives, des mineurs creusent des galleries espérant trouver au mieux de l'argent, sinon de l'étain ou du cuivre. Inutile de préciser qu'ils ne sont pas aux 35 heures et que le CHSCT ne passe pas souvent dans le coin, nous y reviendrons par la suite si vous le voulez bien.

   


Je me suis désolidarisé d'un petit groupe de voyageurs pour rejoindre la famille de Pedro, un bolivien qui avait accepté ma demande couchsurfing. Pour rappel, le site internet couchsurfing (CS) permet de vivre chez l'habitant lorsqu'on voyage ou d'héberger des voyageurs lorsque l'on en a un peu marre de ne croiser que des parisiens envie. J'ai en effet hébergé quelques personnes à Paris et suis maintenant heureux de profiter du système dans l'autre sens. Après 30 minutes à tourner en rond, j'ai finalement trouvé la maison, qui est partagée entre 5 familles dont les hommes travaillent presque tous à la mine en tant que mineurs ou guides touristiques. Les familles ont été très accueillantes et le temps passé là-bas vraiment différent de ce que j'ai connu, irremplaçable. La vie là-bas est très simple et questionne une fois de plus notre légitimité à nous plaindre de nos situations ou autres choses ma foi bien futiles.

   

Merci aux familles pour m'avoir accueilli, j'ai passé de très bons moments !

Les environs de Potosi ressemblent à un dessin animé de beepbeep et coyote. Des canyons et des mines, en particulier la "montagne riche", emblématique de Potosi, que j'ai visité guidé par Wilson, excellent guide répondant à nos milliards de questions. La mine ressemble à l'idée que je m'en faisais, mais voir des mineurs galérer pour pousser un charriot alors que j'ai moi-même du mal à respirer en ne faisant rien est déconcertant.
"Parlez-en à votre médecin traitant." Réponse donnée par une vendeuse de citrons de la place des Vosges à Mr X qui s'inquiétait de la taille de ses hémorroïdes.
L'air est en effet pauvre en oxygène et riche en poussière (ou autre particules).

Il est un peu choquant de se dire qu'encore aujourd'hui de telles conditions de travail existent, cela même dans un pays pauvre comme la Bolivie. Quelques explications à celà : le revenu moyen d'un mineur est bien supérieur à n'importe quel autre métier : l'équivalent de 1500€ dans un pays comme la Bolivie est très haut. Le revers de la médaille est une espérance de vie ne dépassant généralement pas 50 ans.
Notre guide nous a expliqué quelques détails :
  • Les mineures gardent la notion du temps grâce à la coca qu'ils mâchent dans la mine : après 4 heures, ses effets s'estompent. La coca sert également d'anésthésiant et de filtre à poussière.
  • Si je souhaite rejoindre la coopérative pour laquelle lui-même travaille alors je dois travailler 3 ans pour lui comme suit : la 1ère année, tous mes bénéfices lui reviennent. La 2ème, 50%. La 3ème, 15%. Après trois ans, l'équivalent du comité de régulation de la coopérative se réunit et décide si oui ou non je mérite le statut de membre permanent. Si par exemple j'ai volé du minerais durant les 3 premières années alors qu'il revenait à mon parrain, je peux être rejeté.
  • Si je découvre un beau gisement de minerais mais que l'extraire fragilise la tenue d'autres galeries (adjacentes, niveaux supérieures ou inférieures), je dois renoncer. Je peux être sanctionné "à l'amiable" par les autres membres de la coopérative ou probablement expulsé si je creuse quand même.
  • Les mineurs vénèrent plusieurs dieux et leurs représentations sont présentes dans certaines galeries, dont el Tio. Ils vont régulièrement fumer et boire du Ceibo, alcool à 95% que j'ai eu la chance de tester.
"Ca pique", Thomas Pratxxxxx, commandant pour la 4ème fois des verres d'absynthe au gecko, Soho, Hong Kong, 2012.
En bref, la mine, je n'aimerais pas y travailler et je tire mon chapeau aux mineures.

   


La monnaie Bolivienne

J'ai également visité la casa de la moneda, qui nous apprend que Potosi créait les pièces de monnaie Bolivienne ces quelques 400 dernières années, à partir de l'argent extrait des mines. Potosi créait également les pièces espagnoles qui étaient ensuite envoyées par bâteau au pays de la pata negra. Aujourd'hui la création de monnaie est externalisée, celle des billets étant faite ... en France (?).


Ojo del Inca

Nous sommes allés nous baigner dans une source d'eau chaude à quelques kilomètres. L'eau était à 30° environ. J'en ai profité pour marcher un peu, voire trop, car ça montait bien raide entre les canyons, montagnes et cactus.


Tarija, et le vin coule à flots

Je ne pouvais raisonnablement pas voyager au sud de la Bolivie sans passer par la ville du pinard ! Aussi, au terme de quelques 9 heures de bus atour de montagnes, dans des tunnels, dans du brouillard si épais que je ne voyais pas la route de la fenêtre, j'arrive enfin à Tarija au petit matin. Je trouve une auberge rapidement et fais une sieste bien méritée.

La ville est très agréable, et tous les coins de rue regorgent d'agences proposant "la ruta del vino" pour 10€ ce qui fait une petite somme en Bolivie. Comme d'habitude ça ne me plait pas d'être pris en main et après m'être renseigné quelques minutes, il semble possible d'aller visiter quelques domaines par soi-même, pour 1€ de transport A/R. Je suis donc allé me balader dans la vallée de la conception, à 30 minutes de bus environ, et j'ai goûté les petites productions artisanales et naturelles de la Casa Vieja et de l'Hosteria. Les vins étaient bons en général mais les rouges beaucoup trop sucrés. Les blancs secs étaient intéressants, avec des arômes de fruits et d'herbe / foin.
"C'est du vin rouge", Charly, repas de Noël à St Jean 2007, proposant son aide pour identifier le Saumur Domaine de Wagram, par ailleurs servi tous les ans.
En fait, la saveur des vins était similaire à l'odeur ambiante : la campagne ! L'accueil était chaleureux mais la présentation du domaine calibrée pour un touriste classique, c'est à dire bien rapide, mais rien de grave car les quantités à déguster étaient le triple de celles en France. A Tarija on est généreux.
"C'est illimité !" Alice, élégante représentante de la marque éponyme surtout lorsqu'elle porte sa robe rouge, 2004
Le vin, c'était super, et je suis ensuite allé faire un tour dans la campagne de Tarija, vers le nord du côté de San Lorenzo et de Corana. Quelques maisons et constructions à l'architecture étonnante et quelques odeurs de poulailler, charmant.

Pour finir, la chose la plus étonnante avec Tarija et ses environs est sa ressemblance avec Angers. C'est vert, il fait frais, il y a du vin, c'est calme et ça sent bon la campagne. J'ai donc énormément apprécié me retrouver là-bas seul, retour au sources en quelque sorte. Saint-Tarija la Potherie.


     


Tupiza

Tupiza est une petite ville au sud de la Bolivie, très proche de la frontière avec l'Argentine. Elle est assez fréquentée par les étrangers car point de départ pour l'escapade n°1 de la Bolivie : les lacs de sel de la région d'Uyuni ; mais nous y reviendrons dans le prochain post.

La ville en elle-même est très petite et agréable, mais ce qui fait son charme est son cadre : elle est encastrée au beau milieu de montagnes de roche rouge, comme dans les films d'indiens et de cowboys.


Après une journée à écrire et me reposer, j'ai bravé mon appréhension légendaire des chevaux et suis monté pendant 3 heures sur un fidèle destrier de couleur blanche, l'innocence à l'état pur, l'unique couleur qui me sied.
"Hmmm le beau dada", Papi Raymond, où et quand je ne sais plus, mais souvent j'en suis sûr.
Au pas comme au trot (bon, environ 5 minutes sur 3 heures, mais quand même), nous sommes passés au milieu d'un canyon, comme lorsque cheveux-de-saphir préparait une embuscade pour piéger les vilains américains qui passaient par là. J'ai même tenté de :
  • chercher par où allait passer une éventuelle diligence
  • sortir un pistolet à poudre noire de mon holster imaginaire et m'entraîner sur les cactus
  • mettre le cheval au galop pour éviter les menaces tels que les petits chiens errants
  • chercher le sheriff et le défier à un concours de pastis
"Je te BANG, je te re BANG, je te re re BANG et pour finir INDIENS ! Gnnh eh GROS NEZ !", colloc, tout juste réveillé de sa sieste, se permet d'utiliser son Volcanic pour terminer l'adjoint du sheriff en un tour, Cambrai, août 2013.




   


Info traffic fil rouge

Les Boliviens sont toujours aussi hospitaliers. Ce pays vaut de l'or, enfin de l'argent, et j'espère y revenir d'ici quelques années. Rien d'autre à ajouter.




Suite : 4 jours de virée au milieu des lacs de sels et autres sources d'eau chaude dans la région d'Uyuni.



4 comments:

  1. Comme les mechants dans GoldenEye

    Et sinon la licor de membrillo, c est de la liqueur de petit membre ?

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  2. Un seul mot : WHAOU !
    Tu te gaves frangin.
    Continue à nous faire marrer (et à nous instruire un peu aussi), on en redemande ;)

    Bises

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  3. si tu trouves une pépite de chocolat, garde la moi au chaud !
    pap'

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  4. http://info.artisanat-bolivie.com/Tarija-terre-de-vins-a8-sm102

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